ENTRETIEN AVEC LOUIS RATTON

CHAMPION D’EUROPE JUNIOR

A n’en pas douter, il aime la boue, les parcours tortueux et les courses à sensations… condition siné qua none pour pratiquer l’XTerra. Et si la discipline ne bénéficie pas d’une histoire aussi longue que le triathlon olympique elle commence à prendre une part importante dans le calendrier national et international. Savant mélange entre cyclisme, cross country et natation, le triathlon nature regroupe ses adeptes qui voient en cette formule un rapprochement avec la nature. À travers des cadres de course bien souvent idylliques, les triathlètes enchaînent souvent 1,5km de nage en eau libre, 40km de VTT et 10km de trail.

Louis Ratton fait parti de ceux-là. Avec un bonheur et une réussite reconnue puisqu’il n’est rien d’autre que le Champion d’Europe junior de la spécialité.

Châtillonnais pur jus, le jeune homme ne doit sa passion qu’aux épisodes partagés, depuis sa plus tendre enfance, avec Catherine et Franck, ses parents, entre randos, courses et sorties VTT. Le tout, le plus souvent, dans le cadre environnemental de Vaugimois. Son passage au lycée Désiré Nisard, sous la houlette de son père, lui a vite permis d’assouvir sa soif de compétition… jusqu’à son entrée, en fin d’année 2023, à l’UFR STAPS de Dijon.

« – Auparavant j’ai couru sous les couleurs de l’ÉCRAC et ça m’a apporté beaucoup. Puis, au lycée, j’ai pu augmenter mon volume d’entraînement et également pris en force. Ce qui s’est confirmé avec le Centre d’Expertise de la Performance à Dijon où un préparateur physique m’a vite orienté vers un plus de natation ; 2 heures, 2 fois par semaine. »

Il est vrai que depuis quelques mois Louis a intensifié sa préparation pour passer, cette fois, toujours à 2 heures… mais par jour. À raison de 2 activités abordées par sortie et même parfois 3. Le plus difficile étant d’enchaîner les séances.

Le but, au terme de tous ces exercices, demeure évidemment la compétition. Louis, le champion, veut partager ses émotions :

« – La veille il s’agit de rester cool. C’est le moment de mettre tout en place et notamment quelques réglages sur le vélo avant d’aller reconnaître le parcours.

Le jour J c’est parti ! Je me suis levé tôt et le stress est maintenant bien installé. Déjà le speaker est là qui tente d’apporter son flot d’informations sans casser le rythme de la musique ambiante. Tout est bien organisé. Dans ma tête aussi. Il faudra bien réussir mes transitions entre chaque épreuve.

Dix minutes avant d’entrer dans l’eau, je fais monter le cardio. C’est qu’il faut se préparer physiquement et mentalement pour la grande lessive qui va suivre : à Gérardmer le 6 juillet dernier, nous étions 600 concurrents à plonger en même temps et, tous, à vouloir partir le plus rapidement possible. Un seul leitmotiv… être devant pour ne pas « noyer » ses chances de bien figurer au final.

La sortie de l’eau est difficile, la tête tourne encore après avoir tellement mouliné dans l’eau. Il faut pourtant rapidement monter sur le VTT et tourner les jambes, très vite. C’est mon point fort. Depuis tout petit je sais faire… la prise de risque est maximum dans les descentes.

Suit la course à pied. Les jambes sont en coton et souvent se présente une grosse côte dès le début du parcours. C’est le moment où il faut se « sortir les tripes ».

Résultat de cette dernière prestation ? Nouvelle victoire pour Louis sous les couleurs du Montbard Auxois Club Triathlon (MAC Tri). Un club qui a su le soutenir en course et même au quotidien depuis l’année 2020.

« – J’apprécie l’alliance qui nous réunit, les échanges qui permettent de se stimuler en course. Leur piscine est aussi la seule qui soit en capacité de m’accueillir lorsque je suis chez moi. D’ailleurs, j’y travaille actuellement, en job d’été, et j’arrive facilement à négocier pour pouvoir participer aux diverses compétitions. »

La distance, c’est vraiment le problème qui pourrait rebuter le plus enflammé des sportifs même si Louis reçoit le soutien absolu de son père. « – Il joue un rôle important, primordial, même ». Pourtant, il faut vingt minutes, en voiture, au jeune athlète pour aller nager. Les parcours de VTT n’étant plus assez techniques, dans son coin, il faut encore se déplacer. Idem pour la course à pied.

Difficile dans ces conditions d’envisager une carrière d’athlète professionnel. « De toutes façons je ne fais aucun projet à ce sujet même si j’ai pris l’habitude de côtoyer les meilleurs mondiaux comme le norvégien Jens Emil par exemple. Pas prise de tête du tout les gars. Pareil pour les championnes.Toutes super sympa. Mais les études d’abord. J’ai 18 ans et je vais suivre les cours d’une école de kinésithérapeute… peut être en Belgique ».

Une attitude sérieuse mais qui n’empêche pas l’ambition même s’il sera plus difficile de tenir le rythme des entraînements indispensables à la réalisation de ses rêves. Une aventure que vient concrétiser le 11 août prochain sa participation à l’édition 2024 des championnats d’Europe sur le lac Ktissky et, au sortir de l’eau, à Prachatice (République Tchèque).

Il sera temps, ensuite, d’honorer, le 28 septembre, sa qualification au championnat du monde sur les eaux du lac Molveno et les sentiers des Dolomites de Brenta dans le Trentin, en Italie.